Kafka sur le rivage, Haruki Murakami.

Publié le par liber-et-vous

Ecrire sur ce livre, c'est se rendre compte à quel point ce qui est écrit est vrai. Si vous l'avez lu, vous aurez remarqué les nombreuses occurences comme "on ne peut pas mettre de mots sur une telle expérience" ou "les mots ne peuvent pas décrire ce que l'on a vécu". Avec Kafka sur le rivage, c'est pareil.

 

Kafka, c'est tout d'abord Kafka Tamura, un jeune adolescent de 15 ans qui décide de fuit la maison où il vit avec son père. Abandonné par sa mère qui a emmené avec elle sa soeur alors qu'il avait quatre ans, il vit d'un l'ombre d'un ^père artiste mais tyran qui lui a prédit qu'un jour il tuerait son père et coucherait avec sa mère.

Kafka, c'est aussi "le garçon nommé Corbeau" (Kafka signifie corbeau en tchèque), le double spirituel du jeune Kafka Tamura, qui le guide et le soutient, à sa manière.

Et c'est en plus un tableau, "Kafka au bord de la mer", et une chanson, "Kafka sur le rivage", qui sont tous deux liés à Melle Saeki, une bibliothécaire quinquagénaire qu'il va rencontrer durant sa fuite.

 

Kafka Tamura est un adolescent perturbé par cette jeunesse privée d'amour, par toutes les questions qui l'assaillent ainsi que par cette malédiction proférée par son père. Son destin est lié à celui de Nakata, un sexagénaire simplet qui a subi un incident inexplicable alors qu'il avait neuf ans, et qui lui a donné la faculté de parler avec les chats. Leurs destins convergent vers les même lieux, les même personnes, et sensiblement dépassent la frontière du réel.

 

Ce roman nous fait entrer dans des dimensions parallèles. Le jeune Kafka, repoussé au bord du monde, va devoir apprendre à quitter peur et colère pour enfin commencer à vivre, aidé notamment par Oshima-san, bibliothécaire lui aussi. Il devra faire face à son amour pour Melle Saeki ainsi qu'aux souvenirs qui la hantent, pour enfin entrer dans le réel.

 

Ce récit initiatique inimitable est écrit avec poésie, de A à Z. Il s'agit presque d'un conte, criblé de péripéties, où réel et imaginaire se confondent pour ne plus faire qu'un. Au fond, c'est le désir de vivre du personnage qui est intérrogé, et sa faculté à surmonter ses souvenirs pour accepter de vivre, à son tour.

 

 

Deux extraits qui m'ont particulièrement plu:

 

"Tu sais, Kafka Tamura, il y a dans nos vies des points de non-retour. Et dans certains cas, des points au-delà desquels on ne peut plus avancer. Quand ça arrive, on est obligé de l'accepter et de vivre avec."

 

"Nous perdons tous sans cesse des choses qui nous sont précieuses [...]. Des occasions précieuses, des possibilités, des sentiments qu'on ne pourra pas retrouver. C'est cela aussi, vivre. Mais à l'intérieur de notre esprit -je crois que c'est à l'intérieur de notre esprit- il y a une petite pièce dans laquelle nous stockons le souvenir de toutes ces occasions perdues. Une pièce avec des rayonnages, comme dans cette bibliothèque, j'imagine. Et il faut que nous fabriquions un index, avec des cartes de références, pour connaître précisément ce qu'il y a dans nos coeurs. Il faut aussi balayer cette pièce, l'aérer, changer l'eau des fleurs. En d'autres termes, tu devras vivre dans ta propre bibliothèque."

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